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Mercredi 15 août 2007, 5h30, me voilà dans ce parc qui prend des allures de fourmilière, prenant la pose bras dessus dessous avec mon pote Juan pour la photo que prend gentiment Hélène de sudchrono. En fait mon Embrunman n’est pas une histoire de triathlon, mais une histoire d’amitié qui dure depuis maintenant 10 ans…
Comment aurais-je pu imaginer en ce jour de septembre 1997, moi le petit parigo expatrié dans le sud, à deux doigts de laisser tomber le tri, que ce « blondinet », à l’allure sympathique avec qui j’étais en train de discuter, allait participer avec moi à l’un des triathlons les plus mythiques au monde 10 ans plus tard quasiment jour pour jour. Je me rappelle… tous ces souvenirs… parmi les meilleurs… des Championnats de France Universitaires à Troyes en 98, en passant par Nice 2004, la légende…, sans oublier toutes ces mémorables soirées et ces délires qui ne font rire que nous !
Le flash crépite, ça y est il ne reste plus que 30 minutes avant la délivrance. L’attente a été longue, 365 jours exactement. 365 jours… il y a 1 an déjà j’étais au même endroit, mais de l’autre côté de cette barrière, c’est toujours dans ces moments là que l’idée folle germe, le défi… sans même avoir à se parler, on savait déjà Juan et moi que l’année suivante on serait là, mais en tant qu’acteurs et non plus spectateurs. Encore un défi tordu, sans aucun doute le plus fou que l’on ait pu se lancer, il faut toujours qu’on exagère parait-il. De nous deux le plus fou c’est sûrement moi : à court d’entraînement et de compétition depuis presque 3 ans, c’était surtout l’occasion de me relancer pour retrouver enfin un peu de niveau et de plaisir à la pratique de ce sport que j’aime tant.
Nous approchons du lac, la fraîcheur de l’eau commence à nous caresser, je me sens serein, j’ai confiance. Certes ma préparation est loin d’être parfaite, d’abord ce vélo qu’on m’a volé pendant l’hiver, et cette chute le semaine dernière, et puis j’ai encore une paire de kilos en trop… Pas grave… le mini stage en altitude avec Juan m’avait permis de mesurer que j’étais prêt et que normalement tout devait bien se passer, normalement…
La pente s’accentue à la sortie du dernier village, je m’en rappelle, cet Izoard à finalement un goût bien amer. Voilà 90km que j’espère que mes jambes vont enfin se réveiller, malheureusement elles sont en train de me quitter définitivement. La traversée du désert, enfin, plus qu’un ou deux virages et je pourrais me refaire la santé. Coca ? me demande ce jeune garçon, oui, un bidon plein, cul sec, et puis le trou noir… Je me réveille dans cette ambulance que j’avais entraperçue sur ma droite 15 minutes plus tôt, de suite je tente de repartir, les délais ! « Non c’est fini pour vous, vous avez 7 de tension, je suis désolé », je parle avec le médecin, finalement il me laissera repartir 1h plus tard une fois la santé revenue. Me voilà en dernière position, un seul objectif : 17h15, la limite du délai.
Dans la côte de Chalvet je sais que je n’arriverai pas dans les temps, je finis quand même, je préfère arriver hors délai devant tout ce monde amassé devant la ligne plutôt que d’abandonner en cachette, ça doit être ça l’amour propre, je ne sais pas, il parait que je n’en ai pas… 7 minutes trop tard, dommage, je pense à tous les détracteurs qui doivent se réjouir et jubiler, j’aurais au moins le mérite d’avoir apporté un peu de plaisir et de satisfaction à certains, n’est-ce pas là l’essentiel ?
Assis sur ma chaise, les jeunes du club et leur parents viennent me voir les uns après les autres, « ça va ? », je leur répond « et Juan ? ». Juan, il est encore en train de me faire une course de martien, plus que 400m pour lui, je l’encourage. Quelques minutes plus tard on se retrouve dans le parc, assis côte à côte, l’espace de quelques secondes le silence se fait, je suis heureux, oui heureux pour lui, quelle course ! Lui, au contraire, est déçu, malheureux pour moi. A ce moment précis chacun de nous ne pense qu’à l’autre, ce doit être ça l’amitié, la vraie. Sans le savoir on a vécu l’espace d’un instant quelque chose de grand…
Le sentiment est bizarre, nous voilà autour d’une bonne bière, tous les carcassonnais, ensemble, je me rend compte que finalement je ne suis pas tant déçu que ça. Pourquoi ? Aujourd’hui encore je ne parviens pas à me l’expliquer. Tout ce que je peux dire c’est que je reviendrai, pour terminer cette fois ci, mais pas de suite. Oh, ce n’est pas une question de dégoût, ceux qui me connaissent vraiment savent que j’aime les défis et surtout que le volume d’entraînement ne me fait pas peur, bien au contraire…
Non j’attendrais quelques années pour au moins trois raisons. La première c’est qu’il me faudra racheter un vélo, et ça c’est exclu pour l’instant, tant que j’habiterai à Paris je resterai avec mon Peugeot 1000 de mes débuts. Ensuite, c’est une question d’argent : le triathlon ça coûte cher, mais l’ironman encore plus, aujourd’hui je n’ai pas les moyens de dépenser autant pour une simple course tous les ans. Mais surtout, et c’est là le plus important, je me suis rendu compte que quand l’on prépare ce genre de course on devient rapidement, et ce sans s’en apercevoir, égoïste, centré sur soi-même, hermétique… Finalement, ce dernier point m’a permis de comprendre beaucoup de choses à propos de certaines personnes…
Merci Jean-Vincent pour tous les bons moments passés, le meilleur reste à venir.
Merci à Jean-Luc pour le vélo, et a tous ceux qui voulaient me prêter le leur (Jean-Mi, Jean-Louis, Didier).
Merci aux parents et aux jeunes, à Toto, Jean-Mi, Henri, je n’ai pas été très loquace dans le parc à la fin je m’en excuse. Je reste persuadé que l’avenir du club et du triathlon en général passe par des gens comme vous, merci d’être ce que vous êtes.
Merci Mr le médecin de m’avoir laissé repartir et espérer.
Merci à Karine et Clara d’avoir supporté mes absences, mes entraînements, ma fatigue… Vous êtes le moteur de tous mes actes, je vous aime.
Le mot de la fin ? Je suis déçu, mais content, mais déçu, mais content…
Jérôme PARIS
Salut jéjé,
Bravo pour ta news, elle m’a vraiment ému. Je tenais à venir te féliciter, tu es humble, reste comme tu es, pour moi tu es un grand bonhomme… Je te souhaite un jour de reussir dans tes objectifs… Clara peut être très fière de son papa…
Gros bisous à tous les trois.